Pour son nouvel épisode du podcast EXTRA TIME produit par ISG Sport Business Management, nous recevons Pierre-Henri Deballon, co-fondateur de Weezevent et Président du Dijon Football Côte-d’Or.
Entrepreneur à la tête d’un des leaders mondiaux des solutions billetterie et cashless, Pierre-Henri Deballon a racheté le DFCO à l’été 2024. De ses propres mots, « le pire investissement de sa vie ! ».
« Ma femme m’a dit de ne pas y aller, mes parents m’ont dit de ne pas y aller, mon Associé m’a dit de ne pas y aller. »
Alors pourquoi se lancer dans le rachat d’un club de football professionnel ! Lorsqu’on dirige une société en pleine croissance, devenue « Licorne », comprenez valorisée 1 milliards de dollars ?
Découvrez ci-dessous quelques extraits du podcast (disponible sur votre plateforme d’écoute préférée).
Weezevent, acteur 360° pour les organisateurs d’évènements, de la billetterie au cashless.
Entrepreneur et co-fondateur de la société Weezevent lancée en 2008, Pierre-Henri Deballon est un passionné de sport et a été joueur semi-pro de handball.
C’est à la fin de ses études que Pierre-Henri lance Vélotour en 2006 avec Sébastien Tonglet, un évènement cycliste qui existe toujours. Après des galères pour gérer la billetterie, Weezevent va naître d’une frustration et devenir une solution simple d’utilisation pour les organisateurs d’évènements.
« Nous sommes aujourd’hui le 2ème vendeur de billets en France aujourd’hui » rappelle le dirigeant de la société. « Nous avons une croissance de 20-25% par an ». Aujourd’hui, Weezevent réalise un volume d’affaires de 750 millions d’euros.
Sur ses principales verticales comme le ticketing et le cashless, Weezevent travaille avec les acteurs majeurs du sport business mondial comme le Paris Saint-Germain, la Formule 1, le Real Madrid…
Cette société française accompagne également des évènements novateurs comme le GP Explorer de Squeezie.
« On est dans quelque chose qui est complètement nouveau ! Là, on a des OVNIS, comme la Karmine Corp en e-Sport…Ce GP Explorer, mix de loisirs, entertainment, sport, on a le même type de pression à la vente que sur un évènement comme le Hellfest ! C’est 1 billet à vendre pour 10 acheteurs potentiels… »
Après avoir fait entrer Vente-Privée (devenue Veepee) dans l’actionnariat en 2015, (60%), les deux co-fondateurs sont redevenus propriétaires de Weezevent à 100% en 2021, en pleine tempête du COVID-19. « On a profité de cette période du COVID pour faire de l’ingénierie financière ».
Puis, quelques années plus tard, en 2023, Pierre-Henri Deballon fait un cash-out. Il fait entrer de nouveaux investisseurs au capital de Weezevent.
L’entrepreneur aurait pu savourer tranquillement et aurait pu choisir des investissements raisonnables. Mais il a préféré se remettre en danger. Et, pour cela, il a choisi « le pire investissement possible » selon ses propres mots : racheter le DFCO !

Les coulisses du rachat du Dijon Football Côte-d’Or. Pourquoi et à quel prix ?
Après avoir étudié le dossier de reprise pendant une année, le-confadateur de Weezevent a franchi le pas à l’été 2024. « Ma femme m’a dit de ne pas y aller, mes parents m’ont dit de ne pas y aller, mon Associé m’a dit de ne pas y aller. […] J’avais besoin de m’aérer l’esprit, 20 ans déjà de Weezevent, et je voulais me remettre un peu en danger. Aujourd’hui, je pourrais me dire j’arrête de bosser et je compte mes billets… mais je trouve que la vie est trop courte. »
« C’était un peu un rêve en toile de fond… je jouais à Football Manager, j’ai fait des études en économie du sport et je suis né à Dijon. Le club était en grande difficulté… […] J’avais regardé le Red Star également… » nous rappelle Pierre-Henri Deballon.
Dans le podcast, le Président du DFCO le répète, il est là pour se faire plaisir et faire plaisir. Un investissement qui a évidemment un coût.
« J’ai fait un cash-out qui m’a permis de faire cette opération en perso. Le club a été racheté 3 millions d’euros. C’est beaucoup d’argent mais ce qui coûte cher, ce sont les frais de fonctionnement. Quand je reprends le club, il y a 18 millions d’euros de dettes avec la crise COVID, Mediapro et les deux descentes de Ligue 1 à National… Nous sommes dans une division entre le monde amateur et professionnel avec des infrastructures de Ligue 1 »
« On a fait des licenciements économiques, on essaie de rationnaliser. C’est malheureux, mais c’est une obligation ! On avait un staff Ligue 1 sans les revenus Ligue 1… En Ligue 1, le club avait 30M€ de droits TV à l’époque, là on a 0€. »
« 2 salles, 2 ambiances » : Racheter un club de foot, le pire investissement ?
Depuis qu’il a racheté le club du Dijon Football Côte-d’Or, Pierre-Henri Deballon jongle entre le club de National et Weezevent. Une volonté assumée qui lui apporte un certain équilibre.
« Alexandre Mulliez, Président du FC Versailles, me dit que lui veut être à 100% dans le club et faire que ça… je partage et il a raison par certains points. Mais pour moi, c’est une chance de ne pas être tout le temps dans le club, l’ambiance était lourde l’année dernière lorsque l’on a licencié des personnes… J’ai un équilibre avec d’un côté Weezevent et sa croissance et de l’autre comment on survi au DFCO »
En mettant en place un plan drastique, le DFCO semble commencer à être un peu moins coûteux pour son propriétaire. « Les succès de Weezevent me permettent d’entretenir ce que j’appelais à l’époque un cabaret plutôt qu’une danseuse tellement ça coûte cher. C’est en train de devenir une danseuse. Je le fais pour le plaisir, je ne le fais pas pour gagner de l’argent. Il y a une citation intéressante : comment on devient millionnaire ? En étant milliardaire et en rachetant un club de foot […] C’est le pire investissement possible mais je l’ai fait parce que j’ai pu me le permettre […] Je veux me faire plaisir et faire plaisir. Les résultats sportifs sont plutôt bons cette saison, on va se désengager de l’équipe féminine en trouvant un partenaire… Je vais pouvoir financer la « danseuse », je suis dans une dynamique plus confiante ».
En cette fin d’année 2025, le DFCO est effectivement à la première place du Championnat de National. L’objectif est de rejoindre la Ligue 2 dans les 3 ans lors du rachat.
Pour mener à bien le projet DFCO, Pierre-Henri Deballon a recruté Paul Fauvel, 29 ans, au poste de Directeur Général. Le plus jeune DG du foot pro en France.
« C’est le meilleur ! (rires) Ce n’est pas du jeunisme lorsque je le nomme. Ca colle avec mon ADN. Il a déployé à l’époque les solutions de Weezevent dans le club de Bergerac de N2 … Il avait essayé de faire beaucoup de choses avec de l’ambition… C’était lui qui à l’époque avait recruté un joueur repéré sur Football Manager… Après, il est passé au Red Star au marketing et je lui ai proposé le projet. S’il m’avait dit non je n’y serai pas allé… J’ai quelqu’un qui veut faire bouger les choses. Il doit redresser le club et il est le directeur sportif également, il adore ça. Je veux que le vestiaire sente l’alignement entre moi, Paul et le coach. J’adore quand un entraineur marque un club sur le long terme. »
La Ligue 1 n’a plus de modèle économique viable avec des salaires intenables
Face à la croise des droits TV en France des dernières années et le lancement cette saison de Ligue 1+, le dirigeant du DFCO est réaliste.
« Si on remonte en Ligue 2 la saison prochaine, en l’état actuel, on perdra 2,5 millions d’euros en budget d’exploitation, hors transferts. Je ne peux pas faire moins. Actuellement on perd 6M€. Là où je ne vois plus le modèle, c’est la Ligue 1. Si on monte en Ligue 2, je veux y rester ! ».
« J’attendais un crack cet été, que 10 clubs déposent le bilan. Pas parce que je le souhaite et que ça me rend heureux. Je l’attendais parce que je pensais que c’était bon, comme quand t’es malade. Tu vomis, c’est un acte de défense de ton corps, qui expulse quelque chose, c’est pas cool mais c’est le début de la régénération. Je m’attendais à un truc plus violent pour que les joueurs se rendent compte qu’aujourd’hui, dans l’économie actuelle, le salaire d’un joueur de National devrait être celui d’un joueur de Ligue 2 et le salaire d’un joueur de Ligue 2 devrait être celui d’un joueur de Ligue 1 »
« Avec Paul, on a négocié avec les joueurs si on monte en Ligue 2 pour ne pas faire un X2 sur les salaires. Ce sera 20% maximum chez nous pour un passage du National à la Ligue 2. Je ne peux pas aller au-dessus »
DFCO, FC Versailles… Une nouvelle génération de dirigeants dans le foot
En rachetant le DFCO, Pierre-Henri Deballon est revenu dans l’univers du sport « par la grande porte ». A 42 ans, il incarne une nouvelle génération de dirigeants et propriétaires de club avec un franc parlé et une maîtrise des codes de la communication, du storytelling et de l’influence.
« La transparence et la communication collent avec qui je suis et ce que j’ai fait sur Weezevent. Et c’est une obligation ! Il faut créer une aventure. Le bon exemple, c’est la série Drive to Survive et la Formule 1. On veut raconter les histoires au DFCO. On veut ouvrir le club, pour raconter notre aventure humaine mais on ne peut pas tout révéler… »
« On n’a pas le choix, on essaie de faire parler de nous, pour se démarquer. On a lancé un podcast, « Le Bureau du Pres ». Le pitch, c’est j’ai pas de bureau mais je vous invite dans mon bureau. On ouvre les coulisses d’un club, c’est Football Manager dans la vraie vie ! Je reçois des invités avec des échanges filmés et diffusés en vidéo. On interagit aussi avec les supporters. Le but, c’est d’être dans une nouvelle forme de communication, être transparent, être dans le partage, on raconte l’aventure pour que les gens puissent la saisir et la suivre ».
« Une série sur les coulisses d’un club de football, c’était pris par le FC Versailles ! (rires) J’aurais rêvé de faire une série. J’ai regardé celle du FC Versailles sur CANAL+, un club qui évolue en National également. Je connais les intervenants, on se parle par WhatsApp, je connais les joueurs… C’est assez fidèle et assez bien fait. Quand j’ai su que Versailles allait faire cette série, j’étais dégouté ! (rires) mais c’est bien. »
« On s’aide avec Alexandre (Mulliez)… comment tu gères les primes avec les joueurs… Ils vont venir tourner un épisode de leur saison 2 à Dijon »
En attendant, le DFCO a réussi à se faire remarquer cette semaine avec la présentation de son nouveau maillot Third baptisé “Mustard Third”. Un design et un storytelling qui tournent évidemment autour de la moutarde, symbole fort de la ville de Dijon. « Avec ce maillot, Dijon ne se contente pas d’assaisonner l’histoire. Elle la marque. » explique le club sur son site officiel.

